Le télé-travail c’est comme la fac, c’est pour les plus forts

par Aurélien Bardon

Ha le télé-travail cet eldorado !

Le télé-travail cette évidence !
Les entreprises qui ne le proposent pas n’ont rien compris !
Le télé-travail c’est l’avenir !
Un jour tout le monde sera en télé-travail !

L’ensemble de ces affirmations sont dans l’air du temps. Pourtant, désolé de jouer les rabats-joies mais le télé-travail cela n’est pas pour tout le monde.

Le télé-travail c’est comme la FAC c’est en fait juste pour les meilleurs.
J’entends déjà vos cris d’orfraie. Laissez moi développer et justifier cette affirmation.

La fac

La FAC c’est pour les meilleurs car il n’y a personne pour vous aider à étudier. Vous avez souvent peu d’heures de cours et beaucoup de travail personnel, de recherche sans être tenu par la main. Vous êtes totalement libre de travailler ou non.

En BTS, en DUT, en prépa, en école d’ingénieur, de commerce… vous êtes accompagné, encadré, poussé à travailler. Vous avez l’obligation d’aller suivre les cours et des procédures de contrôles visant à bien vérifier votre assiduité sont déployées…

Cela facilite le fait d’étudier même si cela est sous la contrainte. Vous connaissez l’expression : Quand le chat n’est pas là, les souris dansent.

Etre capable de se prendre en main tout seul est plus difficile à fortiori si vous avez 18 ans. Regardez les stats… et vous comprendrez que l’on envoie souvent les moins bons élèves au casse pipe.

Le télé-travail

Dans les locaux d’une entreprise, vous êtes entourés de gens qui travaillent (ou qui font super bien semblant de travailler parfois très tardivement et d’être toujours débordés).

Si vous ne travaillez pas, les autres risquent de voir que vous ne travaillez pas, alors cela vous incite à travailler.

En entreprise, si vous n’arrivez pas à l’heure le matin, tout le monde va le voir, alors cela vous incite à vous réveiller et venir à l’heure.

C’est une forme de pression.

Cette pression est très utile.

Chez vous, tout seul, sans aucune forme de contrôle, il n’y aucune aide pour vous aider à sortir de votre lit douillé.

En entreprise, vous essayez d’arriver un minimum habillé, coiffé, maquillée et vous aurez même envie de sentir bon. Vous ne voulez pas être jugé négativement pour votre apparence. Il peut même y avoir de la compétition pour être élégant entre collègues.

Chez vous, il n’y a aucune aide pour vous inciter à vous raser, vous coiffer ou pour enfiler autre chose que votre survet diablement confortable.

Karl Lagerferld dit : « Porter un survêtement c’est s’avouer vaincu ».

Il n’y a que vous. Vous êtes seul. Vous ne subissez aucune forme de pression sociale.

Cela parait cool hein ? C’EST LA LIBERTE !

Au cours de ma première année à mon compte, chez moi, cette liberté m’a permis de porter une horrible barbe et de prendre plus de 12kg. 1 KG par mois !

Comment résister à l’appel du frigo qui est à porté de main toute la journée ?
Pourquoi perdre du temps à se raser ?

Comment réussir à se motiver tout seul ?

C’est bien évidement plus difficile et donc… pas souhaitable pour la majorité des personnes.

C’est d’ailleurs pour cela à mon sens, que… les freelances qui critiquent ouvertement l’open space se jettent sur des centres de co-workings… en open space.

Ils se re-créent ainsi une forme de pression (et pas seulement la convivialité du café avec des êtres humains).

Le télé-travail vue de l’entreprise

Il s’agit d’un argument fort pour recruter ou conserver un collaborateur. C’est indéniable.

Dans la vie de chacun, suite à un mariage, une naissance par exemple, de nouvelles contraintes peuvent apparaître obligeant par exemple à déménager. Le télé-travail est alors une excellente solution pour ne pas se séparer d’un super collaborateur.

Dans certains domaines où les compétences sont rares, comme le SEO ou le développement, le télé-travail est une solution pour travailler avec des personnes éloignées géographiquement.

Bien évidement, quand tout va bien, tout va bien…

Les choses se corsent lorsque vous proposez le télé-travail a quelqu’un qui n’est pas fairplay. Il y a très peu de chance que cela arrive si vous êtes bon en recrutement.

Il est assez choquant de proposer le « home office » en mettant en place des procédures de contrôle telle que l’accès à la webcam…

Il y a plus de chances que la relation se dégrade un jour entre l’entreprise et le collaborateur en télé-travail. A partir de là, la relation basée sur la confiance va devenir très problématique.

Certains profils (plutôt non cadre) ou alors disposant d’un certain type de tempérament (certainement nostalgique de la pointeuse) voient l’entreprise comme un affrontement et toute forme de hiérarchie comme un combat à mener.

J’ai eu l’occasion de constater lors d’une récente conversation publique sur twitter que beaucoup assument le fait suivant :

Si on donne 2H pour faire une tache à quelqu’un capable de la faire en 1H. Que va-il se passer ? Attaquer une autre tâche, proposer de l’aide à ses collègues afin qu’ils puissent terminer tôt ou en profiter pour se reposer ?

Pour certains, il est normal de se reposer. C’est une forme de compensation pour sa compétence au dessus de la moyenne. Sans juger ce type de comportement, cela va poser des problèmes…

Si le manager se rend compte de cela, il va certainement systématiquement diminuer le temps imparti aux tâches. Ce qui va augmenter la pression du collaborateur en télé-travail et rendre la collaboration de plus en plus pénible.

Le fait d’être en télé-travail risque de rendre plus suspicieux le manager. Bien entendu je suis pour un système basé sur la confiance.

Une entreprise paie le plus souvent un collaborateur pour un temps de travail. Elle paie plus généralement à la tâche des prestataires externes.

Un collaborateur adoptant une attitude de prestataire ne favorisera pas la cohésion entre les collaborateurs.

Il semble logique qu’un collaborateur en télé-travail déçue par son entreprise lève le pied. Pourquoi se donner à fond alors que l’on est mécontent de son employeur ?

Cela nous amène alors au premier point soulevé dans cet article et l’analogie avec la FAC.

L’absence de pression sociale en télé-travail ajoutée à l’absence de motivation (quelque soit la justification,légitime ou non) rend alors ce mode de collaboration très peu performant.

Un jour une salariée en télé-travail m’a annoncé dès son premier jour :
« Tu sais Aurélien si tu me donnes une tâche de 2H que j’arrive à faire en 1H je ne te le dirais pas ».

A l’instant même je sentais que notre collaboration n’allait pas durer très longtemps et que d’autres problèmes allaient arriver. Bien évidement elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle venait de dire sinon elle l’aurait gardé pour elle.

Pour elle, cela était tout à fait normal, à l’instar des participants de la discussion twitter dont je vous parlais précédemment.

Pour moi, la relation de confiance était rompue avant même d’avoir vraiment commencé. Devoir contrôler et tout le temps être derrière pour maximiser la production de chacun ne m’intéresse pas.

Le télé-travail sans risque

Débuter en télé-travail est assez compliqué à mon sens. Il y a souvent une période de formation qui est plus complexe et plus longue à réaliser à distance.

Par ailleurs, la communication à distance peut engendrer beaucoup de mal-entendus débouchant sur des interprétations erronées et in fine sur des mésententes et des conflits.

Le télé-travail me semble beaucoup plus facile entre 2 personnes qui se connaissent déjà et ont déjà travaillé ensemble.

Chez Aseox, j’ai eu aussi bien des expériences incroyables de télé-travail que des expériences catastrophiques. J’arrive à la conclusion que je ne proposerai plus jamais de télé-travail à quelqu’un que je dois former.

J’ai un collaborateur en télé-travail depuis plusieurs années et cela se passe très bien. Nous travaillons aussi avec beaucoup de freelances à distance et cela se passe très bien également.

Proposer 1 jour de télé-travail par semaine ou juste la possibilité de choisir à sa convenance des jours télé-travaillés sans que le télé-travail soit systématique me semble être aussi une excellente organisation.

Ainsi cet article n’est pas une violente diatribe contre le télé-travail. Je cherche juste à bien évaluer les avantages et les inconvénients et cherchant des solutions afin de minimiser les risques pour chacun des parties.

Aurélien Bardon
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